/🌊 / J'ai balancé ses cendres à la mer
« Du coup, tu veux bien m'expliquer pourquoi ce village est aussi bizarre ?
— J'ai pas dis ça. »
Non, mais elle se fout de moi celle-là ? Et en plus elle sourit !
« Pose-moi tes questions et je verrai auxquelles je peux répondre. Ce serait pas drôle si tu avais toutes tes réponses tout de suite, tu ne crois pas ? »
C'est pas un roman policier là ! Moi qui croyais être tombé sur quelqu'un de normal... J'ai trop de questions qui se bousculent dans ma tête, je ne sais pas laquelle je devrais poser en premier. La bibliothèque, les volets fermés, les traces de griffes chez moi, le loup...
« Eum... Hier soir il y a un loup qui a tenté de rentrer chez moi... Et quand j'ai appelé la police, on m'a dit qu'il s'appelait... Je sais plus comment, mais apparemment ce loup est connu par les habitants. Il est genre protégé ? Comment ça se fait qu'il y ait un loup qui se balade dans les rues comme ça ? Il n'est pas dangereux ?
— Comment t'expliquer ça... Je ne peux pas tout te dire, parce que de toute manière tu ne me croirais pas. Il y a des choses que tu devras découvrir par toi-même. Pour le moment, tout ce que je peux te dire c'est que Henson n'est pas méchant. Il est particulier, genre, ses neurones ne sont pas bien branchés. C'est de naissance. Et vu que t'es nouvelle –et plutôt mignonne–, tu l'intéresses. C'est son côté pervers.
— ... Un loup pervers ?
— Ouai, un gros obsédé. Mais c'est pas de sa faute, il ne voit pas vraiment le monde comme nous. Il est inoffensif, mais s'il est trop insistant, t'as qu'à lui gueuler dessus un bon coup. Il comprend que ça. »
Je suis chez les fous...
« Bon... Eum... Pourquoi tout le monde a les volets fermés la journée et ouverts le soir ? »
Elle semble réfléchir à comment répondre à ma question sans trop me donner de détails. J'ai déjà du mal à croire ce qu'elle me dit là, alors qu'est-ce que ce serait si elle me donnait toutes les informations... Elle a peut-être raison d'y aller progressivement finalement.
« Disons qu'ici, les gens vivent la nuit et dorment la journée. Ça a toujours été comme ça depuis des décennies. Une tradition. »
Je prends quelques secondes pour assimiler ce qu'elle vient de dire tellement ça n'a aucun sens.
« Et pas toi ?
— Ah si si, je suis juste passé ici car j'avais un petit creux. Et comme ça j'pouvais dire bonjour à Molly.
— Molly ?
— C'est la vache derrière le comptoir. »
Mais ! Elle a dit ça à voix haute ! Même si elles se connaissent, c'est méga méchant comme insulte ! Je me retourne et vois "Molly" sourire vers Charly avant de retourner vaquer à ses occupations.
« Je la connais depuis longtemps, c'était ma baby-sitter quand j'étais gamine.
— ... Donc là tu allais dormir ?
— Ouaip.
— À cette heure-là ?
— Ouaip.
— Et c'est normal ?
— Ouaip. » Répète-t-elle une troisième fois en bâillant.
Je ne sais plus vraiment quoi penser. Cet endroit est définitivement étrange, mais surtout unique... Cela ferait une bonne histoire maintenant que j'y pense. Je devrai écrire tout ce que je suis en train de vivre dans ce village, cela pourrait plaire ! Mais pourquoi je pense à ça maintenant moi...
Je l'observe quelques secondes. Elle a définitivement un visage harmonieux, un poil garçon manqué aussi. Le genre de fille avec un caractère bien trempé je dirai.
« Aller, assez parlé de ça ! Le village te semble sûrement étrange, mais toi tu es étrange pour tout le village !
— M-Mais pourquoi ? Parce que je l'ai bien remarqué vu comment on me regarde, mais je ne comprends pas pourquoi. Vous n'avez jamais de nouveaux habitants ?
— Jamais ! En tout cas pas depuis que je suis née. Ici, tout le monde connait tout le monde. Façon de parler bien entendu. Disons qu'il est facile de voir les nouveaux visages. On n'a jamais d'étranger, pas même de touristes. Quelque chose que tu dois aussi savoir, c'est que les informations passent extrêmement vite. Le bouche-à-bouche, y a rien de mieux !
— Le bouche-à-oreille tu veux dire ? »
Elle me lance un petit regard avec un léger sourire en coin avant de répondre « Oui, aussi. »
Je suis trop occupée à essayer de comprendre toutes les étranges subtilités de mon nouveau village pour m'attarder sur son allusion, j'attends tout simplement qu'elle finisse sa phrase. Malheureusement je vais devoir attendre un petit peu plus puisque la gérante nous apporte deux assiettes de pancakes, encore plus pleines que la précédente. Charly la remercie et commence à manger à une vitesse folle. Moi, je veux juste me nourrir de ses connaissances.
« Pour résumer, les infos passent très vite, pour ça que tout le monde est déjà au courant de ta présence.
— QUOI ?! Tout le monde ?!
— Bien sûr. Avant même ton arrivée, le capitaine avait informé ses amis poulets, qui en ont parlé un petit peu autour d'eux. Et cette nuit, tout le monde n'a parlé que de toi. »
Non, mais c'est pas possible ! Moi qui voulais avoir une petite vie discrète, je suis le nouveau sujet des commérages de tout le village !
« Et quand tu dis tout le village, ça fait combien de personnes ?
— Difficile à dire. Tu as le centre-ville où nous sommes et le reste c'est presque que des quartiers résidentiels, un peu comme là où t'habites. Donc je dirai, 4000 personnes peut-être ?
— AH PARCE QUE TU SAIS OÙ J'HABITE ?!
— Tout le monde connait Grand Ours, et on sait depuis longtemps qu'il cherchait un successeur. Et c'est dans cette maison qu'il habitait avec sa famille. Mais vu qu'il a déménagé plus au nord, c'est logique que tu en hérites. J'ai cru comprendre que ta nouvelle baraque est celle des bibliothécaires depuis la création du village, une sorte de tradition. Comme je te l'ai dit, on est très attachés aux traditions ici.
— Donc que je récapitule. Je suis dans un village où les gens vivent la nuit et dorment le jour et où il y a un loup qui s'appelle Henson et qui est un pervers. Tous les habitants me connaissent déjà et savent où j'habite.
— Tu as encore beaucoup à apprendre, mais je ne te dirai rien de plus ! Elle bâille à nouveau puis se lève et retourne à la table où elle se trouvait avant l'arrivée des chasseurs. Charly attrape un sac à dos camouflage et en sort un Talkie Walkie qu'elle me tend. Tiens, c'est pour toi. »
Qu'est-ce que c'est que ça encore ?
« Pardon ?
— Si tu veux me parler, tu vas sur la fréquence 6.90. »
Puis elle met fait un clin d'œil en souriant et part, laissant un billet sur le comptoir de Molly.
« Ravie de t'avoir rencontré Emily » dit-elle avant d'ouvrir la porte et de sortir du Diner.
Il me faut quelques secondes pour réaliser qu'elle est partie. Le calme reprend sa place. Je vois que le couple de vieux est parti pendant que je discutais avec Charly. Il ne reste que moi et Molly. Je la regarde un bref instant, l'air décontenancé et elle me sourit. Un sourire de bienveillance, totalement différent de l'espèce d'indifférence qu'elle me témoignait tout à l'heure. Je présume qu'être amie avec Charly va me permettre de m'intégrer plus facilement. Peut-être que je m'emballe un petit peu, je ne la connais même pas après tout.
Mais c'est le seul lien que j'ai dans ce village depuis mon arrivée, donc je dois m'y accrocher. Je suis quelque peu déçue qu'elle n'ait pas répondu à toutes mes interrogations –je n'ai même pas pu lui parler du drôle d'animal qui venait de passer dans la rue–. Mais je comprends un petit peu plus comment marchent les choses ici. Et je comprends également que je vais devoir bouleverser toutes mes petites habitudes si je veux ne pas être la recluse du village.
Je vais par exemple devoir ouvrir la bibliothèque et travailler la nuit. Si c'est ce que tout le monde fait, ouvrir de jour ne servirait strictement à rien. Je sens que prendre le rythme ne va pas être simple. Je devrais y aller progressivement pour habituer petit à petit mon corps. Je vais me coucher tard ce soir et me lever tard demain matin –comme tous les dimanches à vrai dire–, et je vais tenter de garder le rythme toute la semaine ! Ce serait déjà bien. Donc je pourrai ouvrir la bibliothèque de 14h jusqu'à 23h. Ce serait un bon début.
C'est vrai ça, j'ai même pas pensé à mes horaires de travail. Je suppose que je vais devoir énormément travailler si je suis la seule personne à m'occuper de la bibliothèque. Ça dépendra aussi du nombre de clients que je vais avoir. Si ça se trouve, plus personne ne lit de livres dans ce village et je vais me faire chier toute la journée. Au moins je ne risque pas de manquer de lecture !
Et comment vais-je recevoir mon salaire ? Je suppose que c'est écrit dans la suite du livre. Il va aussi falloir que je fasse des courses. Je devrai peut-être trouver où se trouve le supermarché... 'fin, la supérette plutôt. Je doute qu'il y ait un Wallmart dans le coin, et c'est tant mieux ! Tous ces immenses rayons me donnaient toujours le tournis. Alors certes, il y aussi des immenses rayons dans une bibliothèque. Mais quitte à avoir le choix entre des milliers d'ouvrages littéraires et des milliers de lessives, mon choix est vite fait.
Je ne sais pas pourquoi je pense à ça maintenant. Un regain de motivation j'imagine !
Je finis de manger ma nouvelle assiette et de boire mon milkshake. Je n'ai plus du tout faim, mais la gourmandise couplée à ma haine du gâchis me force à finir.
Je sors mon porte-monnaie et entends Molly faire un petit son de bouche. Je me retourne et elle m'explique que Charly a payé pour moi, avec une voix très calme et reposante. Je souris. Elle sait comment me faire plaisir cette fille ! Je me lève avec mon livre et le talkie-walkie avant de dire au revoir à la gérante qui me répond « À bientôt. » Elle a sûrement raison, vu comment tout est bon ici !
La température a grimpé de quelques degrés, mais je décide tout de même de garder mon sweat. Non seulement il est confortable, mais en plus je me sens en sécurité avec lui. Comme un gilet par balle en pilou pilou. Une véritable armure, seulement mentale.
Je recommence à marcher entre les espèces de maisons à étage, certaines en bois, d'autres en brique, toute collée les unes aux autres. Les volets sont toujours bien fermés, alors que le soleil éclaire les rues d'une agréable chaleur. La route semble assez vieille. De nombreux nids de poule semblent avoir été bouchés au fil des années à en juger par les ronds gris et noirs qui se trouvent ci et là.
Il n'y a pas que le sol qui date d'une autre époque. Les toits des maisons sont tous raccordés les uns aux autres par d'épais câbles électriques et téléphoniques. Certains plus courageux traversent la rue, striant le ciel de manière inégale et chaotique.
Il semble clair qu'il n'y a pas grand-chose de moderne ici. Je sens bien que tout est réparé plutôt que jeté, loin des dérives de la société de consommation. Cela me réjouit et m'effraie en même temps. Mes habitudes vont être bousculées et c'est probablement une très bonne chose !
Je continue de marcher sans réellement savoir où je vais. Peut-être aurais-je dû chercher une carte avant de m'aventurer ici. L'avantage, c'est que je n'aurai qu'à retrouver la mer pour savoir comment rentrer chez moi. Une sorte de guide, d'étoile du nord.
Chaque rue est unique. Les habitations sont toutes légèrement différentes, que ce soit dans la peinture, l'emplacement de la porte et des fenêtres. Il y avait aussi une infinité de petits détails, comme les imperfections de la route ou les volets en bois fatigués par le temps et l'air marin. Je n'entends pas les vagues, mais je sens très bien leur présence. Cela m'emplit d'ondes reposantes et douces, décuplées par le calme qui règne.
Je me rends rapidement compte qu'il n'y a très peu de commerces. À part le diner et ce qui semble être un cordonnier –ça existe encore ça ?!–, je n'ai pour le moment rien vu. En même temps dans un tel endroit, je doute qu'il y ait un Apple store ou un Starbuck. J'imagine que les habitants n'achètent pas par plaisir, mais par obligation.
Je suis presque rassurée quand je tombe sur ce qu'il ressemble à un magasin. Mais quand je m'en approche, je vois que celui-ci est fermé. Pas de grillage, seulement un panneau "closed" avec les horaires : 8 p.m – 6 a.m. Si on inversait le a.m et p.m, ce serait des horaires tout à fait classiques.
Mais du coup, est-ce que les enfants aussi vont à l'école la nuit ? C'est pas très écologique s'il faut allumer toutes les lumières toute la nuit. J'veux dire, si les hommes vivent la journée, ce n'est pas pour rien. Dormir le jour, c'est faire un majeur monumental à la nature et à des millénaires d'adaptation... Ironique pour un endroit qui semble si attaché aux traditions.
Je ne sais pas pourquoi je pense à ça maintenant. Peu importe. Il faudrait que je me trouve un petit coin tranquille pour finir de lire le livre de Grand Ours. Si je veux ouvrir lundi, il faut que j'aie assimilé un maximum d'informations. Je ne sais pas comment je vais faire si je ne suis même pas capable d'aller dans le fond du bâtiment sans m'évanouir...
Je finis par retourner vers la mer en suivant quelques mouettes que je vois virevolter au-dessus des toits. Je pose mes fesses sur un banc dix fois plus vieux que moi et regarde l'océan qui s'étend jusqu'à l'horizon. Plus aucun bateau. Les marins pèchent la journée, eux. Peut-être est-ce trop dangereux de le faire la nuit ? Ou alors les poissons dorment peut-être la nuit, comme les gens normaux. Purée je devrai noter toutes mes questions quelque part, parce que ça commence à faire beaucoup.
Les pages jaunies s'offrent à moi, gribouillées par l'écriture de Grand Ours particulièrement illisible.
Au milieu d'explications, je tombe sur un petit message dans un coin d'une page.
« Merci d'avoir accepté ce travail, grâce à vous je vais enfin avoir plus de temps pour voir mes petits-enfants. »
Je ne m'attendais pas vraiment à une telle déclaration. J'ai tout de même du mal à comprendre qu'il ait été obligé de recruter son remplaçant à l'autre bout des États-Unis. Si les habitants sont si attachés que ça aux traditions, j'ai du mal à croire qu'aucun n'a accepté de reprendre ce lieu de savoir.
Les autres pages expliquent rapidement l'histoire du bâtiment et des anciens bibliothécaires. Je reconnais un prénom : "Ally". C'est vraisemblablement elle qui a créé la bibliothèque en... 1828 ! Hé bien, je suis la dernière d'une très vieille lignée. Ça fait beaucoup de poids sur mes deux petites épaules.
À l'époque, les bibliothécaires semblaient changer assez fréquemment. Peut-être à cause des maladies ? Grand Ours, ou "Joseph" comme écrit dans le livre a occupé son poste pendant 50 ans ! Il détient clairement le record. Ce métier se transmettait peut-être de génération en génération à l'époque ? Si ses enfants ont décidé de ne pas prendre la relève, cela pourrait expliquer sa volonté de travailler le plus longtemps possible.
Je suis responsable d'un bâtiment –et sûrement de livres– vieux de 200 ans. Cela me remplit de joie, mais aussi d'inquiétude. Mais je ne dois pas ! J'ai les diplômes nécessaires pour travailler dans les plus grandes bibliothèques du monde après tout ! Il ne me manque plus que l'expérience...
Les dernières pages m'expliquent qu'il y a un extincteur dans la bibliothèque, mais qu'il est à utiliser qu'en cas d'extrême urgence. Je présume qu'il n'a pas envie que des livres soient endommagés par le produit. Il a écrit juste à côté en majuscule : « PAS DE CIGARETTE ». Sans déconner ? De toute manière je ne fume pas, et si un client ose allumer une clope dans la bibliothèque, je vais lui faire passer l'envie de recommencer.
Je parviens à déchiffrer une série de hiéroglyphes tout à la fin du grimoire : « Pour le salaire, le maire passera une fois par mois. » À croire qu'il avait oublié d'en parler et qu'il s'est dépêché de l'écrire avant mon arrivée. Donc je vais recevoir mon salaire en personne par... le maire du village ? Je me demande si je vais finir par m'habituer à toutes les bizarreries de ma nouvelle vie.
Je sens mon téléphone vibrer. Sans réellement comprendre les vas et viens du réseau, je reçois soudainement une trentaine de messages de l'autre saloperie. Avoir que très peu de réseaux, ça a des avantages finalement.
Je zyeute rapidement, m'attendant aux mêmes conneries habituelles. Mais c'est que ce connard devient menaçant !
« Tu rentres tout de suite ! »
« Tu te prends pour qui ? »
« T'as intérêt à m'obéir »
« J'vais te retrouver et te ramener par la peau du cul salope »
Il y a quelques semaines, ce genre de messages m'aurait sûrement fait pleurer. Mais le peu d'amour qu'il me restait pour lui a définitivement brûlé depuis, et j'ai balancé les cendres dans ce bel océan qui s'offre à moi.
Mais quand même. Et si ce connard arrivait réellement à me retrouver ? Cette idée me donne un horrible frisson qui me tord de douleurs, comme s'il venait de mettre ses deux mains autour de mon cou.
Je ne lui ai absolument rien dit et j'ai bien fait attention de ne laisser aucun indice. Mes yeux se tournent alors vers mon téléphone. Je devrai peut-être l'éteindre et enlever la puce ? On n'est jamais trop prudents. Puis comme ça j'arrêterai de lire ses menaces.
Mais je n'aurai pas de connexion internet si je l'éteins... Au pire je le rallumerai de temps en temps le soir avant de me coucher, histoire d'aller un coup sur Wattpad et Twitter. Si je capte... Puis je vais bloquer son numéro d'ailleurs ! Aller hop, c'est fait ! Voilà, tes messages ne pourront plus me pourrir la vie connard !
Je soupire un grand coup et remets mon téléphone éteint dans ma poche arrière, me sentant tout de suite plus libérée. Un sourire se dessine sur mon visage. Une de mes mains glisse inconsciemment sur ma cicatrice sur mon front, cachée sous mes cheveux. Elle est encore là malheureusement. Tatouage involontaire qui me rappellera toute ma vie des moments que j'aimerai tant effacer de ma mémoire.
Au moins j'ai fini de lire le livre. Une bonne chose de faite. C'est maigre comme indications, mais au final, je pense avoir tout ce qu'il me faut pour ouvrir lundi. Je pose le gros grimoire sur mes genoux et regarde un instant le drap de mère Nature. Un bleu magnifique qui s'étend sur des milliers de miles, plus loin encore que ce que mes yeux peuvent apercevoir. Une puissance colossale capable de détruire des villes entières, mélangée à la souplesse et la légèreté d'une jupe qui se plierait, soulevée par le vent.
Et j'habite ici maintenant ! Je réalise subitement la chance que j'ai. Ce n'est pas tout le monde qui peut vivre au bord de la mer, le tout en étant logé et en faisant le travail que l'on souhaite. Je suis une vraie petite veinarde, et je compte bien ne pas laisser passer cette chance !
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